Le changement, cette belle idée qui permet de conjuguer un peu tout et n’importe quoi selon les désirs des individus.
Machiavel disait un changement en prépare un autre, dans notre cas d’espèce qu’est le Mali cela signifierait donc que les leçons du coup d’Etat, auraient été retenues et que nos hommes politiques toutes tendances confondues auraient pris conscience que cette situation émane du laxisme dont ils ont fait preuve et que dans la pratique de cet art qu’est la politique un changement s’impose. Une version dite pour les optimistes.
Comme disait Jean Monnet , les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. Ce qui s’applique largement au cas malien, car rares sont ceux qui critiquaient le système ATT et parmi nos politiciens qui le vomissent aujourd’hui nombreux sont ceux qui le courtisaient et qui le courtisent toujours dans le cadre de la bataille présidentielle.
La nécessite de changement nous est apparue comme une évidence tant les carences de l’armée de la société civile sautaient aux yeux.
Le changement est-il une question d’homme, ou d’idéologie? A mon sens il ne suffit pas de changer les hommes pour que les choses changent, il me semble plus efficace de changer de mentalité même si cela peut s’avérer une entreprise plus laborieuse. Le changement de mentalité doit être global, si la société civile et les populations reproduisent les mêmes comportements que par le passé, les politiciens n’ont aucune raison de changer, car l’objet même de la politique est de conserver le pouvoir, a quoi bon changer si en ne faisant rien on arrive à se maintenir au pouvoir.
La seule façon d’obliger le dirigeant à prendre la bonne direction est le rapport de force, tant que ce dernier sentira une société civile apte à dire son mécontentement face à l’injustice, la corruption; son inefficacité; il fera en sorte de prendre la bonne direction.
Ce que l’on voit va plus ou moins dans la bonne direction, la campagne présidentielle au Mali, la première véritablement avec une vraie audience sur les réseaux permet de desceller une palette extra-ordinaire d’avis contradictoires et donc de débats sur la direction que doit prendre le pays, a condition que cela se concrétise dans les urnes.
La ou il faut etre moins optimiste c’est qu’il y a fort à parier que dimanche 28 juillet beaucoup de cela seront derrière leur écran à s’invectiver plutôt que dans les bureaux de vote.
On ne sent pas non plus dans ces discussions que le rapport avec le politique ait vraiment changé, les jeunes dont je fais partie n’en demandent pas assez à mon sens aux politiciens,se ravissent de phrases creuses, vides de sens que n’importe qui pourrait prononcer …qui serait contre « je vous promets le développement et la sécurité »?
La ou rien n’a changé c’est dans l’exigence du peuple envers le politique, on a bien compris qu’il ne fallait pas refaire les mêmes erreurs qu’entre 1992 et 2012 mais on a pas compris comment!
Cela s’explique par le manque de pédagogie et d’analyse sur les causes et les conséquences réelles de ce coup d’État sur le Mali .
Daniel Jouve disait « L’adaptabilité s’acquiert par l’expérience du changement. » en réalité nous n’avons aucune expérience du changement, et pour l’immense majorité des jeunes, peu ont connu 1992, peu savent ce qu’est le changement, et peu savent les erreurs commises en 1992…
Dans le cadre du Mali je dirais comme Diderot « Quand on suit une mauvaise route, plus on marche vite, plus on s’égare » et c’est ce qui est en train de se produire, ceux qui appelaient tous azimut à raser tout ce qui leur rappelait les 20 années de pouvoir se sont payés une virginité et suivent des barons de 1992, ceux qui appelaient aux changements de mentalité pour la plupart font les mêmes campagnes qu’en 2002 2007 2012, avec un mélange dangereux entre religion et politique, il est quand même effarant d’entendre des imams qui avaient flirté avec Ansardine et le Mujao nous appeler à voter « pour un candidat musulman » ou dire « le bons musulmans voteront pour tel candidat » ce qui sous-entend que les autres sont des mauvais musulmans…je ne vois pas pourquoi s’être opposé à Ansardine …c’est le même projet politique, les coupes mains en moins.
La plupart d’entre eux étant financés par des pays qui eux mêmes finançaient les djihadistes…tout un programme, preuve que rien n’a vraiment changé!
Confuscius disait « L’homme qui déplace une montagne commence par déplacer les petites pierres. » Au Mali pour la grande majorité des 27 candidats nous n’en sommes même pas la, seul 3 ont eu le respect de soumettre à l’opinion un projet digne de ce nom pour les autres on s’est contenté des bonnes vieilles stratégies, abreuver le peuple de phrases creuses, qui lui même applaudira à cela sans se rendre compte que c’est à cause de ca que nous en sommes la.
Certains pseudo candidat écument tous les QG de campagne à la recherche de postes dans des futurs gouvernement, avant de fièrement annoncer les raisons idéologiques qui le lient à leur nouvel ami! Comme à la vieille école.
C’est parce que les politiciens ne nous ont rien promis qu’il ne sont comptables de rien devant nous! Le changement au Mali ne semble pas pouvoir venir d’un homme car les idées dans leur immense majorité sont restées les mêmes, les modes opératoires également.
On pourrait résumer ses 14 derniers mois par cette citation de Robert Sabatier « S’opposer n’est autre que proposer. Une opposition sans proposition n’est qu’un mouvement d’humeur. »
Un mouvement d’humeur voila à quoi peut se résumer cette volonté de changement soudaine avec laquelle on nous a bassiné pendant tout ce temps!
Evidemment il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac, il y a parmi toute cette foule des gens qui appellent à un changement cohérent dans notre conception de la politique, de l’Etat et de la manière dont la société civile doit prendre part à l’avènement d’un Mali nouveau et du nouveau Malien, car c’est là que nous en sommes..encore et ce après 52 ans d’indépendance nous n’avons toujours pas trouver notre mode de gouvernance et notre mode de penser.
Theo Angelopoulos disait « Nous sentons tous qu’il faut en finir avec cette société névrosée parce que privée de rêves. Il faut fonder un nouveau rêve ; c’est un besoin presque physique ».
Le rêve de 1960 est devenu cauchemar et ça n’est pas prêt de s’arrêter cependant comme disait Gandhi « Commencez par changer en vous ce que vous voulez changer autour de vous. » Tout est encore possible…