« Rien n’est permanent, sauf le changement. » Héraclite d’Ephèse

timeforchangeLe changement, cette belle idée qui permet de conjuguer un peu tout et n’importe quoi selon les désirs des individus.

Machiavel disait un changement en prépare un autre, dans notre cas d’espèce qu’est le Mali cela signifierait donc que les leçons du coup d’Etat, auraient été retenues et que nos hommes politiques toutes tendances confondues auraient pris conscience que cette situation émane du laxisme dont ils ont fait preuve et que dans la pratique de cet art qu’est la politique un changement s’impose. Une version dite pour les optimistes.

Comme disait Jean Monnet , les hommes n’acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise. Ce qui s’applique largement au cas malien, car rares sont ceux qui critiquaient le système ATT et parmi nos politiciens qui le vomissent aujourd’hui nombreux sont ceux qui le courtisaient et qui le courtisent toujours dans le cadre de la bataille présidentielle.

La nécessite de changement nous est apparue comme une évidence tant les carences de l’armée de la société civile sautaient aux yeux.

Le changement est-il une question d’homme, ou d’idéologie? A mon sens il ne suffit pas de changer les hommes pour que les choses changent, il me semble plus efficace de changer de mentalité même si cela peut s’avérer une entreprise plus laborieuse. Le changement de mentalité doit être global, si la société civile et les populations reproduisent les mêmes comportements que par le passé, les politiciens n’ont aucune raison de changer, car l’objet même de la politique est de conserver le pouvoir, a quoi bon changer si en ne faisant rien on arrive à se maintenir au pouvoir.

La seule façon d’obliger le dirigeant à prendre la bonne direction est le rapport de force, tant que ce dernier sentira une société civile apte à dire son mécontentement face à l’injustice, la corruption; son inefficacité; il fera en sorte de prendre la bonne direction.

Ce que l’on voit va plus ou moins dans la bonne direction, la campagne présidentielle au Mali, la première véritablement avec une vraie audience sur les réseaux permet de desceller une palette extra-ordinaire d’avis contradictoires et donc de débats sur la direction que doit prendre le pays, a condition que cela se concrétise dans les urnes.

La ou il faut etre moins optimiste c’est qu’il y a fort à parier que dimanche 28 juillet beaucoup de cela seront derrière leur écran à s’invectiver plutôt que dans les bureaux de vote.

On ne sent pas non plus dans ces discussions que le rapport avec le politique ait vraiment changé, les jeunes dont je fais partie n’en demandent pas assez à mon sens aux politiciens,se ravissent de phrases creuses, vides de sens que n’importe qui pourrait prononcer …qui serait contre « je vous promets le développement et la sécurité »?

La ou rien n’a changé c’est dans l’exigence du peuple envers le politique, on a bien compris qu’il ne fallait pas refaire les mêmes erreurs qu’entre 1992 et 2012 mais on a pas compris comment!

Cela s’explique par le manque de pédagogie et d’analyse sur les causes et les conséquences réelles de ce coup d’État sur le Mali .

Daniel Jouve disait « L’adaptabilité s’acquiert par l’expérience du changement. »  en réalité nous n’avons aucune expérience du changement, et pour l’immense majorité des jeunes, peu ont connu 1992, peu savent ce qu’est le changement, et peu savent les erreurs commises en 1992…

 

Dans le cadre du Mali je dirais comme Diderot  « Quand on suit une mauvaise route, plus on marche vite, plus on s’égare » et c’est ce qui est en train de se produire, ceux qui appelaient tous azimut à raser tout ce qui leur rappelait les 20 années de pouvoir se sont payés une virginité et suivent des barons de 1992, ceux qui appelaient aux changements de mentalité pour la plupart font les mêmes campagnes qu’en 2002 2007 2012, avec un mélange dangereux entre religion et politique, il est quand même effarant d’entendre des imams qui avaient flirté avec Ansardine et le Mujao nous appeler à voter « pour un candidat musulman » ou dire « le bons musulmans voteront pour tel candidat » ce qui sous-entend que les autres sont des mauvais musulmans…je ne vois pas pourquoi s’être opposé à Ansardine …c’est le même projet politique, les coupes mains en moins.

La plupart d’entre eux étant financés par des pays qui eux mêmes finançaient les djihadistes…tout un programme, preuve que rien n’a vraiment changé!

Confuscius disait « L’homme qui déplace une montagne commence par déplacer les petites pierres. » Au Mali pour la grande majorité des 27 candidats nous n’en sommes même pas la, seul 3 ont eu le respect de soumettre à l’opinion un projet digne de ce nom pour les autres on s’est contenté des bonnes vieilles stratégies, abreuver le peuple de phrases creuses, qui lui même applaudira à cela sans se rendre compte que c’est à cause de ca que nous en sommes la.

Certains pseudo candidat écument tous les QG de campagne à la recherche de postes dans des futurs gouvernement, avant de fièrement annoncer les raisons idéologiques qui le lient à leur nouvel ami! Comme à la vieille école.

C’est parce que les politiciens ne nous ont rien promis qu’il ne sont comptables de rien devant nous! Le changement au Mali ne semble pas pouvoir venir d’un homme car les idées dans leur immense majorité sont restées les mêmes, les modes opératoires également.

On pourrait résumer ses 14 derniers mois par cette citation de Robert Sabatier « S’opposer n’est autre que proposer. Une opposition sans proposition n’est qu’un mouvement d’humeur. » 

Un mouvement d’humeur voila à quoi peut se résumer cette volonté de changement soudaine avec laquelle on nous a bassiné pendant tout ce temps!

Evidemment il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac, il y a parmi toute cette foule des gens qui appellent à un changement cohérent dans notre conception de la politique, de l’Etat et de la manière dont la société civile doit prendre part à l’avènement d’un Mali nouveau et du nouveau Malien, car c’est là que nous en sommes..encore et ce après 52 ans d’indépendance nous n’avons toujours pas trouver notre mode de gouvernance et notre mode de penser.

Theo Angelopoulos disait « Nous sentons tous qu’il faut en finir avec cette société névrosée parce que privée de rêves. Il faut fonder un nouveau rêve ; c’est un besoin presque physique ». 

Le rêve de 1960 est devenu cauchemar et ça n’est pas prêt de s’arrêter cependant comme disait Gandhi « Commencez par changer en vous ce que vous voulez changer autour de vous. »  Tout est encore possible…

 

Election 3 coup d’envoi!

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Un élection présidentielle est un moment particulier, un moment à part dans la vie d’une nation qui se dit démocratique. Dans le cas de la jeune république du Mali cela prend une ampleur encore plus grande.

En effet le pays est en voie de « rétablissement » pour utiliser une métaphore médicale, la situation sécuritaire tend à se calmer, calme qui demeure cependant relatif.

Sur le plan  militaire, les accords de Ouagadougou du 18 juin 2013, ont permis à l’armée et à la Minusma de pénétrer à Kidal soi-disant bastion du Mnla, bastion attribué volontiers par la presse étrangère pour qui on le sait bien tous mes touaregs sont du Mnla..une vision quelque peu réductrice du Mali mais assez coutumière.

Avant de quitter la ville et d’être cantonner dans un camp le Mnla a bien pris soin d’organiser des manifestations d’une centaine de femmes et d’enfants venus jetés des pierres et provoquer les militaires maliens…On imagine assez bien le dessein macabre derrière cet acte…Fort heureusement les soldats maliens ont su garder leur calme, bien aidé par la Minusma et les soldats de la force Serval.

Dans sa grande majorité la population de Kidal a accueilli avec joie l’armée malienne, soulagés d’être libérés de ces extrémistes qui des mois durant les ont brimés 

Cette situation pousse 7 des 28 candidats à l’élection à demander son report à la cour constitutionnelle.

Il y a fort à parier que ces petites manipulations du Mnla prendront fin avec une bonne dose de pression et que les citoyens de Kidal, pas les farfelus tant appréciés des médias, finiront par faire entendre leur voix.

Sans transition ce dimanche avait lieu le lancement officiel de la campagne et ont eu droit à toute une palette en terme de style de campagne.

Les 2 géants de l’élection Soumaila Cissé et Ibrahim Boubacar Keita (IBK) n’ont pas lésiné sur les moyens pour ce lancement, l’outsider Dramane Dembelé a fait un choix semblable aux 2 premiers tout comme Modibo Sidibé, quant aux autres ils ont opté pour des meetings dans des petites salles discrètes..peut être trop mais surement à hauteur de leurs moyens financiers bien maigres face aux 3 grands partis.

IBK: Son programme c’est lui..ou l’inverse 

Ibk 2013Dans un stade du 26 mars en fusion le candidat IBk a fait son entrée, d’après son compte twitter il y avait au moins 50000 personnes…le community manager sans doute enivré par le doux parfum de la campagne a un peu exagéré le chiffre.

L’entrée en matière en terme d’image du « Kankelentigui » autoproclamé est plus que réussie n’hésitant pas non plus à afficher ses soutiens parmi lesquels Boubeye Maiga candidat en 2007 avec un score de 1.74% ; et l’actuel ministre des affaires étrangères Tieman Coulibaly, dont le parti l’UDD s’apprêtait à soutenir en 2012 Dioncounda Traoré…contre ce même IBK…chacun jugera de la fiabilité des alliances…

Dans un discours très attendu et alors que ses concurrents avaient déjà publié leur programme on s’attendait à voir un IBK nous expliquer son projet pour le Mali et on a eu droit à un classique de la doctrine IBK…

Son discours dans lequel il a tenté d’égrainer quelques idées s’est limité à la problématique du nord et de l’armée.

Le candidat se pose d’emblée en garant de la sécurité de tous les maliens, sécurité mot qui revient 2 fois plus souvent qu’éducation ou économie.

En vieux roublard IBK sait que les maliens ont été traumatisés par la crise et les défaites enregistrées par l’armée et il s’appuie la dessus pour engranger le plus de voix possible…D’ailleurs son slogan « Le Mali d’abord » rappelle un peu ceux de la Copam et de Yerewolo ton ses vieux partis nationalistes qui gravitaient autour du Capitaine Sanogo d’ou son militarisme exacerbé? Qui a dit que le RPM était membre de l’internationale socialiste?

Bref toujours pas de programme donc on suppose que son programme c’est lui!

Soumaila Cissé: « le  mal aimé »

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Celui que ses partisans appellent Soumi champion a lancé sa campagne à Mopti au centre du pays, comme pour son concurrent, il s’agissait la aussi d’une démonstration de force médiatique, produire des images qui marquent l’opinion.

L’Urd est le deuxième parti du Mali depuis 2007 derrière l’Adema et compte naturellement sur ses relais pour mobiliser l’électorat en sa faveur.

Dans un meeting interrompu par la pluie au moment ou soumi s’adressait à la foule, il avait commencé par égrainer les mesures pressentes dans son programme qu’il est possible de consulter ici…habituellement la pluie est un bon signe au Mali mais la politique étant ce qu’elle est certains ont considéré qu’il s’agissait d’une malédiction…

Dans un style différent de son concurrent IBK, Cissé a axé son discours sur le développement socio-économique du Mali, cependant ce discours le rend inaudible auprès d’une frange de la population qui a besoin d’être rassuré et est à la recherche d’un homme de poigne.

De plus Soumi « traîne » une image ( à tort ou à raison; chacun jugera) de « bouffeur » et de beaucoup de choses pas souvent clairement identifiées par ses détracteurs .

Il est très régulièrement accusé de tous les maux du Mali…. Paradoxe depuis 2002 il n’avait plus fait de politique au Mali…Je suppose qu’il fait partie de ces personnes qu’il est bien de dire qu’on ne les aime pas…

Dramane Dembele: un socialisme à la malienne

Le parti ayant la machine militante la plus efficace et huilée du pays est sans doute l’Adema. Première force politique du Mali depuis sa victoire aux législatives de 2007, c’est un parti à l’implantation locale sans pareille, et donc aux finances bien garnis.

Dans sa recherche de leader le parti de l’abeille a opté pour un jeune inconnu, Dramane Dembelé face à tous les barons comme Iba N’Diaye, Kassoum Tapo et même Boubeye Maiga (Oui le nouvel ami de IBK ).

Le jeune Dra dont, il ne faut pas se mentir, le charisme n’est pas la première des qualités a su surprendre son monde par un discours dans la droite ligne du parti membre de l’internationale socialiste.

La justice sociale est placée au cœur du programme que vous pouvez consulter ici, dans son discours le mot « Social » revient à 30 reprises. Ce pur produit Adema ferait-il enfin revenir son parti à ses premiers amours? C’est en bonne voie dirons nous. Une mesure phare a été annoncée lors de son allocution dans la nuit tombant de Sikasso.

 Bourse de Sécurité Familiale. Elle vise les 300.000 familles les plus défavorisées. Elle coûtera 25 milliards par an à l’Etat malien. Chaque famille touchera 100.000 francs CFA par an.

Actuellement on observe un léger dédain des commentateurs envers ce candidat  mais il pourrait être la vraie surprise de l’élection..de la a gagné?

Cependant l’Adema est la mère de tous ses concurrents et est fortement impliqué dans la gestion des 20 dernières années…ce qui peut être préjudiciable à la ruche.

Quant aux autres candidats très peu d’images de leur lancement de campagne, les amis de Moussa Mara ont donné rendez-vous à tous les militants au stade Mamadou Konaté ou il a pu égrainer son projet de société que vous pourrez lire ici.

Modibo Sidibé ( Autre sous estimé de cette campagne) quant à lui, ancien premier ministre et candidat du FARE était dans la région de Kayes ou il a tenu un meeting très peu médiatisé, Tchato seule femme candidate a organisé une caravance dans la capitale

Ne pouvant pas parler de tous les 28 candidats et n’y étant pas obligé comme l’ORTM je vous laisse découvrir toutes les images du journal tv du 8 juillet 2013..40 minutes de meetings…

Bonne campagne aux militants de grâce, évitez les 2000 francs, pour adhérer à tel ou tel parti ou pour remplir des stades, faites le en fonction de votre opinion.

Ne devenez pas soutien de tel ou tel parti parce que  papa y est aussi ou votre tonton, vous avez vos opinions faites les valoir en citoyen éclairé..La démocratie ça se mérite ça se gagne ça ne se décrète pas.

Pour information les chiffres de l’élection 2007 par région:

On vote plus en région qu’a Bamako

A bon entendeur.

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