Mali: Intervention imminente?

Depuis le 6 avril et la chute du nord du Mali, occupé aujourd’hui par les islamistes une question s’est imposée dans toutes les chancelleries africaines et européennes, Que faire pour que le pays recouvre son intégrité territoriale et soit débarrassé de l’internationale djihadiste.

Dès lors 2 remèdes sont présentés au Mali; d’une part restaurer l’ordre constitutionnel à Bamako puis dans un second temps entamer des négociations avec les groupes présents au nord.

Aujourd’hui, on ne peut pas dire que le premier remède a été efficace, car on s’aperçoit qu’au sud du pays, il n’y a une autorité claire, un pouvoir décisionnaire fort. Les décisions du président sont contredites par les militaire du capitaine sanogo et quant au super premier ministre, lui semble bien éloigné de tout cela après avoir fait des pieds et des mains pour conserver son poste qui était alors menacé pour son inefficacité dans la reconquête du nord.

En bref au sud règne la confusion et donc un pouvoir inefficace, incapable de prendre la moindre mesure capable de changer les choses pour les habitants du nord du pays.

La preuve en est que la requête envoyée par le Président de la République Mr Traoré à la CDEAO pour demander l’aide de cette dernière a fait l’objet de contestations au sein des forces armées maliennes.

Ainsi depuis 7 mois rien n’a été fait les protagonistes bamakois n’étant pas d’accord sur la manière de traiter la crise, aucune négociation n’a été entreprise par le pouvoir en place et de manière officielle et d’ailleurs cette question de négociation ne se pose plus à mon sens.

En effet il y a eu sur ces derniers moi une accélération dans l’application de la charia, et plusieurs actes sont venus démontrer que rien ne serait négociable avec ces groupes terroristes.

Tout d’abord il y a eu la lapidation du couple d’Aguelhok, car il n’était marié, puis les différentes amputations à Gao Tombouctou et Ansongo.

Que peut-on négocier avec ces gens? Dès le départ ils ont annoncé la couleur « la charia n’est pas négociable », comment peut-on parler avec des assassins qui voudront nous imposer des lapidations publiques, des amputations, la burqa…bref faire du Mali l’Afghanistan des talibans.

Dès lors il est aisé de comprendre que dans la mesure où aucune négociation ne serait possible seule l’option militaire doit prévaloir.

D’ailleurs plus personne ne se fait de film la dessus, la France mobilise ses alliés espagnols et italiens, pour apporter un soutien logistique à une éventuelle intervention africaine au mali. Des forces spéciales sont également présentes au Niger et au Burkina Faso pour recueillir des renseignements et formés des officiers ouest-africains.

Autre signe annonciateur d’une intervention imminente un site espagnol révélait cette semaine la possibilité que l’Otan se serve des bases militaires des iles Canaries pour l’appui logistique à une possible intervention.

Les islamistes eux aussi se prépare à une éventuelle intervention, les membres du Mujao ont depuis peu accélérer les recrutements de djihadistes dans le sud de l’Algérie et reçoit des renforts venus d’Egypte et de Libye, sans oublier les jeunes des régions occupées.

Les hommes du mouvement Ansar dine s’entrainent dans les montagnes près de Kidal avec du matériel lourd et se préparent à une éventuelle attaque également.

Seul point de blocage reste les rapports plus que complexes entre la CDEAO et le pouvoir malien.

Il faut dire qu’il y a beaucoup de méfiance de part et d’autre, notamment au sein des forces armées maliennes ou on verrait la présence de la CDEAO au mali comme un affront.

La CDEAO pour intervenir au Mali veut pour cela avoir une base logistique à Bamako car selon le médiateur, pour  être efficace il faut un aéroport,  une antenne médicale et de transmission dans cette région. Il faut aussi un dispositif qui permet d’éviter que les mouvements armés, par des infiltrations, puissent déstabiliser Bamako, où il y a des ambassades des pays qui vont s’engager et aussi la représentation de la CEDEAO. Tout cela fait que la CDEAO veut intervenir, mais en tant que partie malienne.

On peut comprendre les arguments de la CDEAO car un échec dans cette tentative de reprise du nord scellerait le sort des villes occupées.

A Bamako on répond que la CDEAO pourrait s’installer ailleurs, il est difficile de comparer la capitale malienne aux autres villes du mali; d’ailleurs la plus grande base malienne jadis à Gao répondait aux ordres de Bamako et non de sévaré, d’autant plus que la CDEAO ne vient pas pour protéger les institutions qui ont décliné cette offre.

L’important n’est pas la proximité de cette base logistique avec la ligne de front mais plutôt l’environnement qui l’entoure, comme la présence de toutes les chancelleries occidentales, et d’un grand aéroport.

D’ailleurs les arguments de ceux qui y sont opposés sont assez flous ils se contentent de dire que Bamako n’est pas la ville la plus proche du front…..Argument qui n’en est pas un à mon sens.

Les militaires maliens à Sévaré prennent reçoivent leurs ordres de Bamako, ou l’on coordonne toutes les actions, il doit en être de même pour la future coalition internationale.

La future intervention se dessine petit à petit mais des blocages subsistent notamment entre les principales parties que sont la CDEAO et le Mali. Il faut trouver un terrain d’entente, car chaque jour qui passe, les islamistes se renforcent et la population souffre un peu plus.

Nord-Mali: La Solution militaire ou diplomatique?

Intronisation du Président par intérim

12 avril 2012 la junte transmet le pouvoir, au président de l’assemblée nationale Dioncounda Traoré, qui va comme le prévoit la constitution assumer l’intérim du pouvoir. Il aura en principe 40 jours au plus pour organiser les elections, et  je peux d’ores et déjà vous annoncez qu’il ne tiendra pas les délais, vu la situation dans le Nord du Pays.

 

Dioncouda Traoré, hasard des choses est né a Kati (la ville d’où est partie la mutinerie) , c’est un politique malien chevronné, ayant été emprisonné et torturé sous le régime dictatorial de Moussa Traoré ( 1968-1991). Il est président de L’alliance démocratique du Mali et était candidat à l’élection présidentielle du 29 avril 2012.

Avec

son investiture il aura la lourde tache de gérer la crise du nord( Il a déjà averti qu’il n’écartait pas l’option de la guerre totale), la junte, et le désordre causé par le coup et l’avancée des rebelles. Il aura également pour mission de relancer la machine économique malienne qui était l’une des plus dynamique de la zone CEDEAO avant le coup ( taux de croissance du Produit intérieur brut de 5.4%.)

Ici il s’agit de traiter la possibilité d’une intervention extérieure dans le nord du mali, et notamment par l’ancienne puissance coloniale la France ou par la CEDEAO.

Tout d’abord le Mali et la France, contrairement à ce que pense beaucoup de personne, n’ont pas d’accord de défense, mais des accords de coopération militaire.

En d’autres termes la France participe à travers ses instructeurs et son matériel à la formation des militaires maliens, elle n’est pas tenue d’intervenir militairement dans le Pays.

Coopération, qui à la différence de la coopération opérationnelle, vise à « structurer l’outil de Défense du pays hôte », dans le long terme et en faisant effort sur les élites, les écoles.

De plus Alain Juppé ministre des affaires étrangères n’a cessez de marteler que la France n’interviendrait pas militairement au Mali, mais pourrait servir d’appui logistique à la CEDEAO.

Ces derniers jours j’ai lu des plaintes concernant la non-intervention de la France dans le conflit, certains n’hésitant pas à dire que cela démontre la complicité de cette dernière avec le MNLA.

Tout d’abord il faut savoir que la France est en période électorale, et aussi cynique que cela puisse paraitre, personne ne lance de guerre dans ces périodes. Monsieur Juppé s’est donc contenté de saisir le conseil de sécurité de L’ONU afin de condamner le « péril islamiste » qui menace le pays.

De plus après la guerre en Libye la France ne veut pas s’engager à nouveau dans ce conflit qui pourrait selon les dires de certains conseillers à l’Élysée être l’Afghanistan français.

Enfin le sentiment anti-impérialiste est assez fort au Mali, de plus la population a suivi avec attention les exploits de la force licorne en cote d’ivoire et n’en garde pas un bon souvenir.

Ainsi au vu des ces éléments la France ne devrait logiquement pas intervenir au nord-Mali d’autant plus qu’elle y a un certains nombres d’otages aux mains d’AQMI.

Idem pour les US qui après la Somalie ne remettront pas les pieds en Afrique si ce n’est pour des opérations furtives menés par des hommes « grenouilles », tel que le largage de vivres au camp de Tessalit en février dernier.

Quant à la CEDEAO, il y a des accords de défense mutuelle dans les traités qui permettent une intervention militaire dans le Nord-Mali, de la désormais célèbre force ECOMOG.

Tout d’abord il faudrait au moins 4 semaines pour mobiliser cette force, et organiser le commandement entre tous les pays.

La question la plus importante arrive alors: Qui a envi d’aller mourir pour le Nord-Mali?

Il ne s’agit pas des militaires mais de la manière dont les opinions publiques perçoivent cet événement, comment expliquer au Nigeria que malgré Boko Haram il faut aller sauver le nord Mali, le Burkina sort tout juste d’une mutinerie au sein de son armée et la Cote d’ivoire tente de reconstruire son armée. Macky Sall tout juste élu ne voit pas non plus d’un bon œil le fait d’aller s’enliser dans le désert malien au nom de l’intégration ouest africaine.

De plus cette force d’intervention réputée violente n’a pas laissé de très bon souvenirs lors de ses 2 sorties en Sierra Leone et au Liberia, bien au contraire elle est accusée d’avoir frapper aveuglement.

Une intervention de cette dernière reste donc à l’heure actuelle très compliquée.

Il reste les forces armées maliennes, qui c’est vrai a la vue de ses dernières prestations n’inspirent pas une énorme confiance, or il faut modérer ces propos.

En effet les forces armées maliennes sont réputées d’un très bon niveau, et sa déroute face aux rebelles peut s’explique par le putsch du 22 mars 2012.

En effet le capitaine Sanogo professeur d’anglais au camp militaire de kati devenu, chef de la junte ne peut pas s’improviser stratège militaire,il n’en a pas les capacités, de plus ayant mit aux arrêts la plupart des commandants et généraux y compris ceux qui était à Gao dans le nord, la chaine de commandement s’est complétement brisée.

Il parait donc difficile à l’heure actuelle d’organiser une contre-attaque tant que la chaine de commandement n’est pas rétablie, et l’armée ré-organisée.

De plus qu’on se le dise l’armée malienne possède les armes pour aller au combat contrairement aux dires des uns et des autres, prétendre le contraire serait un mensonge.

Mais finalement la solution pourrait etre plus pacifique que l’on ne le croit, en effet depuis le retour à l’ordre constitutionnel, le Mali possède sur la table deux offres de services.

Tout d’abord le MNLA qui propose une alliance à Bamako pour ainsi bouter Ansardine et AQMI du nord Mali, en contre partie on négociera, une forme d’autonomie ou de fédéralisme( cela fera l’objet d’un autre texte).

Ansardine qui est opposé a l’indépendance de l’azawad propose également à Bamako de bouter le MNLA hors du Mali, mais la contre-partie semble trouble, on voit mal le Mali accepter la charia en son sein.

Mais on est en droit de se demander si l’on peut et si l’on doit réellement négocier avec les rebelles, car il ne faut pas oublier qu’ils ont du sang sur les mains, qu’ils ont pillé des villes et qu’il y a eu des viols dans certaines ville du Nord-Mali.

Les négociations avec le MNLA ont commencé en Mauritanie où T.Dramé du PARENA a rencontré les représentants des rebelles qui y sont installés et qui ont bénéficié selon des notes secrètes révélées par le Nouvel OBS d’un appui logistique de la France et de Nouakchott pour lutter contre AQMI.

Il y a de quoi se poser des questions sur la solution diplomatique et sur la solution militaire, car la premiere laisserait un sentiment d’humiliation à l’armée et la seconde pourrait empirer la situation humanitaire du Nord, avec un sérieux risque d’enlisement.

Pour l’instant la priorité semble être donnée à la nomination du premier ministre qui entraine plus de palabres que la solution aux problèmes de développement du pays!