Vive la 4ieme République

Voilà bientôt un an que notre chef suprême, l’inégalé El Hadj Ibrahim Boubacar Keita dit IBK est arrivé au pouvoir, une année qui a fini de doucher les derniers espoirs des maliens. Oui IBK était un espoir pour les maliens, le seul homme politique considéré (à tort…maintenant on le sait) comme fort, assez fort pour renverser la table, assez fort pour briser les chaines, casser les codes, mettre fin à la gabegie, aux pratiques douteuses au népotisme…

D’ailleurs n’est-ce pas lui qui s’était érigé en Père la rigueur, celui qui allait redonner leur dignité aux maliens, pour l’honneur du Mali.

C’est l’inverse que l’on a vu, un président ayant reconverti le Mali d’abord, en ma famille d’abord, un Président perdant le sens des priorités pour se lancer dans une gouvernance bancale, ayant conduit à une fâcherie avec les bailleurs internationaux. Quoique l’on pense de ces derniers, ils tiennent le robinet et on fait avec.

Concrètement la première année d’IBK n’a donné lieu à aucune réalisation concrète, une politique du vide, des ronronnements creux, des formules populistes remplissant le peuple d’orgueil. Où en est l’enquête sur les inondations à Banconi? Où la réforme de l’éducation? La lutte contre la corruption? La reforme de l’économie? du secteur agricole? Ne cherchez pas…pour l’instant on se contente d’inaugurer les projets financés par les ONG et ambassades…On donne l’illusion de travailler pour je cite « le Bonheur des Maliens ».

J’entends bien l’argument « cela ne fait que un an », mais je rétorque que c’est la première année que l’on donne l’impulsion, que l’on lance les grandes réformes, on assure la conduite, puis on récolte les fruits en fin de mandat….Combien de projets initiés par Alpha Oumar Konaré le président ATT a-t-il inauguré? Combien de projet d’ATT, IBK a-t-il inauguré depuis son arrivée au pouvoir? L’Etat est une continuité, à ce rythme pas certain que l’on puisse retenir grand-chose du passage d’IBK à la présidence, mais là je m’avance un peu trop…

On pourrait écrire un livre sur les turpitudes de la présidence de IBK, sur le manque de rigueur, le trop plein de laxisme, le manque de considération pour les maliens, d’une classe dirigeante aveuglée depuis des années.

Le problème de IBK et de ses ministres vient du fait qu’ils sont fait du même bois, peu importe l’âge au passage, ce sont des gens enfermés dans un système qui a montré ses limites, un système qui a échoué, mais celui qui profite du système n’est pas capable a priori de s’en rendre compte, il navigue sans vision, sans projet, car il n’est pas en danger.

Il faut bousculer les habitudes, changer les codes, casser les barrières qui étouffent les maliens, empêchent le libre arbitre, et le transforment en mouton, un mouton qui lorsqu’il se regarde dans la glace croit y voir un loup, un lion.

Pour cela rien de mieux qu’un changement au niveau  politique, il faut en finir avec cette tyrannie du chef qui a fait de nous un peuple de griot, et de mendiant. Il faut remettre le malien au cœur du système de décision, le remettre au cœur de la décision politique.

Il faut un mode de scrutin qui sera plus représentatif du Mali et de sa diversité, et je pense définitivement que le système présidentiel calqué sur la 5ième République est une aberration.

L’heure du grand changement est arrivée et IBK ne doit pas manquer cette chance, il faut supprimer l’élection présidentiel au suffrage universel, favoriser après un meilleur redécoupage, le pouvoir législatif, qui sera plus représentatif du peuple et qui aura le pouvoir de designer alors un président. L’assemblée sera élue au SU direct, et pourquoi pas à la proportionnelle.

Afin de favoriser la démocratie locale, les gouverneurs de région doivent être élus et non nommés  et ils disposeront de réels pouvoirs politiques pour administrer leur région, c’est un dispositif à imaginer dans le cadre d’un nouveau redécoupage régional.

Il existe plusieurs solutions innovantes, qui sont à approfondir evidemment, le tout est d’avoir le courage de sortir de ce Marasme (Sans mauvais jeu de mot) dans lequel nous sommes plongés, car aujourd’hui l’optimisme des premiers jours à laisser place au fatalisme…

Ne dit-on pas que le scandale et les échecs font des nouvelles, mais seulement le succès fait l’histoire.

Création du G5 du Sahel

AFP/Ould Haldj

Les Etats du « sahel » se sont réunis la semaine passée à Nouakchott dans la capitale Mauritanienne afin de procéder à la mise en place d’un Groupe visant à promouvoir la sécurité et le développement au Sahel.

Pour les plus avisés d’entre nous cela nous rappelle la mise en place du Comité d’Etat-major opérationnel conjoint qui avait été mis en place par l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali. Mis à part une réunion, des bombardements mauritaniens sur des villages maliens et une incursion des forces spéciales françaises à partir du Niger au Mali (Encore) ce projet est un flop total. Les algériens rechignant à collaborer amplement, alors que les 3 autres pays posent des armées plutôt faibles et incapables de mener une guerre correcte contre le terrorisme.

Alors comme vous êtes bon en géographie vous savez que le Sahel va du Sénégal à l’Érythrée et un pays important comme l’Algérie est exclu de cet organisation, de plus il existe déjà des organisations transsahariennes comme le Cilss, alors on se demande bien quel est l’objectif de ce G5?

Le président Issoufou déclarait « Quand nous aurons liquidé la pauvreté, nous aurons créé les conditions pour affaiblir le terrorisme et le crime organisé. Pour cela, il est heureux que nous ayons décidé de mutualiser nos efforts pour faire face à ces défis » On comprend alors qu’il s’agit d’une organisation plus économique que militaire et cela ne peut qu’être salutaire, dans la mesure ou la pauvreté est le terreau fertile de l’insécurité et de la criminalité transfrontalière.

Une large part est donnée aux populations locales, très souvent abandonnées par les Etats, il est prévu  « un programme prioritaire d’investissements et un portefeuille de projets structurants accordant une large priorité à la sécurité, à l’ancrage de la démocratie et à la participation des populations à la promotion des zones les moins développées » selon le communiqué final.

Les pays du G5 ont également demandé un assouplissement de la dette et une aide financière des pays du Golfe, ainsi que des autres partenaires dans le développement des projets.

J’avoue avoir été sceptique, je le suis un peu moins, juste un peu, mais je pense que cela marque une certaine maturité acquise par nos Etats face au fléau du sous-développement et de la criminalité transfrontalière. Très longtemps les populations de ces zones ont souffert d’un manque d’Etat, de perspectives, la crise au Mali a fini de montrer à quel point il est important de promouvoir la démocratie locale, les projets de développement afin que les populations éloignées des centres de décisions se sentent citoyens à part entière.

La présence du Tchad, marque la volonté de ce pays après son intervention au Mali, de rester dans le jeu Sahélien, d’être un moteur, un patron dans la région. L’absence de l’Algérie, marque à mon sens un ras le bol des pays de la région face au géant qui avait tendance à ne jamais vouloir trop s’impliquer dans le Cemoc par exemple, tout en essayant d’imposer ses points.

Globalement ces pays ont à faire face aux mêmes difficultés dans ces régions et une coordination des efforts, peut en effet être plus efficace que des initiatives isolées.

En définitive si le G5 prospère nous ne verrons pas d’Operations sécuritaires, mais plus de mesures de lutte contre la pauvreté, il s’agit plus d’un organe de développement du sahel, que d’un outil sécuritaire. Au cumulé la communauté internationale prévoit d’investir près de 8 milliards dans ces 5 pays, coordonner des politiques dans des régions ou il n’y a pas de frontière ne peut pas faire de mal.

Il est vrai que nous avons l’habitude » des coquilles vides, des organisations aux noms ronflants dépourvus d’un quelconque effet sur le terrain, cependant si le G5 axe sa politique sur le développement du Sahel, il est possible de coordonner et de mener à bien des projets, cependant je suis beaucoup plus sceptique sur le plan sécuritaire. Comme l’a précisé le président Nigérien, liquider la pauvreté c’est aussi liquider le terrorisme.

  Le G5 du Sahel envisage de développer “des infrastructures (dans des domaines) comme le transport, l’énergie, les télécommunications et l’hydraulique ainsi que la sécurité alimentaire, l’élevage, le développement humain et l’adaptation aux changements climatiques”. Sans oublier de prendre en compte les spécificités des peuples nomades qui eux ignorent les frontières.

Bonne nouvelle!