Inondations meurtrières à Bamako…Que font les autorités?

Jeudi matin après des pluies torrentielles, plusieurs quartiers de la capitale malienne se sont retrouvés sous les eaux.  On dénombre selon les chiffres du gouvernement ou des medias privés entre 20 et 60 morts, en plus d’un milliers de personnes sans abris, une centaine de maison ont été détruites. 

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Les services météorologiques du Mali ont relevé 85 mm d’eau mercredi à la station de pompage de sotuba sachant qu’habituellement on relève un peu moins de 50 mm en saison des pluies.

Des pluies importantes ce sont abattues dans tout le Mali, mais la région la plus affectée par ces pluies est Bamako et plus précisément les quartiers situés dans le lit des cours d’eau et dans les zones marécageuses comme Bankoni (Carte du quartier http://goo.gl/maps/1xE22). 

D’après la protection civile malienne en 2009 trois villes étaient classées en zone de vulnérabilité 1, il s’agissait de Bamako, Sikasso, Bougouni, Keniéba. 

 

 Zone I

 Bamako, Sikasso, Bougouni, Keniéba

Zone II

Ségou, Kita, Koutiala, San

Zone III

Kayes, Ménaka, Mopti, Nara, Niono

Zone IV

Gao, Hombori, Tombouctou

Zone V

Kidal, Tessalit

 

Puis la protection civile a classé les quartiers les plus vulnérables de Bamako ceux qui ont déjà eu à faire à des inondations

Bko District

Com II quartier de Bakaribougou, TSF, Bankoni

Com VI: Yirimadio

 

Autant dire malheureusement que c’est un phénomène assez récurent au Mali et particulièrement à Bamako.

Les causes ont été clairement identifiées  par la protection civile et le ministère de la santé, il s’agit souvent d’habitations construites en zones inondables,  ou sur des lignes de passage des eaux par les populations il y a également l’insuffisance et le manque d’ouvrages adaptés pour l’évacuation de ces eaux, l’insuffisance d’entretien de ces infrastructures qui font que l’hivernage devient de plus en plus cauchemardesque pour les habitants de nos villes et villages  fréquemment  victimes d’inondation.

 

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 Les eaux usées domestiques et parfois même les eaux usées industrielles sont rejetées dans les ouvrages destinés à l’évacuation des eaux pluviales. L’occupation anarchique de l’espace, ou installations de fortune. Des bas-fonds, zones de concentration des eaux de ruissellement ou d’affleurement de la nappe phréatique  en dépit des contraintes environnementales sont également occupés. L’inexistence ou la non réalisation et le non respect des dispositifs d’assainissement.  Le non-respect de la réglementation surtout en matière de viabilisation ; La précarité des matériaux de construction ; Le non-respect des règles d’urbanisme ; L’insuffisance du dispositif juridique actuel, notamment pour empêcher ou arrêter les travaux de construction non autorisés. On est en droit de se demander alors pourquoi voit-on encore aujourd’hui plus de 20 morts à la suite de pluie, alors que les facteurs de risque ont été clairement identifiés.

Tous ces dechets finissent le plus souvent dans le fleuve Niger… 

Le plan de réponse du gouvernement prévoie une enveloppe de 16 800 000 FCFA  pour venir en aide aux victimes de l’inondation autant dire des miettes…

Suite aux inondations des années précédentes la CEDAO avait octroyé au Mali une aide de 57 083 885 FCFA destinés au renforcement des moyens de lutte contre les inondations, l’UEMOA 150 000 000 de francs FCFA, la coopération japonaise 500 000 000 FCFA pour renforcer les services techniques et pour mettre en place des mesures de lutte contre les inondations mais rien n’a changé. On ne voit pas trop de résultats pour l’instant.

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Dès le mois de juin 2013 les météorologues et climatologues mettaient en garde contre le risque d’inondation (http://news.abamako.com/h/19262.html)

Tous les ans Bamako a droit à son lot de tragédies liés à ces inondations et jusqu’à présent nous n’avons pas ouvert les yeux sur les 2 principales causes qui sont le manque d’entretien des systèmes d’évacuation des eaux et l’urbanisation anarchique de la capitale. 

Les égouts  d’acheminement sont dans la plus part des cas obstrués par les déchets solides et de la boue. La production des eaux usées domestiques est estimée  à 32 000 mettre cube par jour pour le district de Bamako selon le Ministère de l’environnement.

Le rythme de croissance de la ville de Bamako est le plus élevé d’Afrique, et le sixième au monde (http://www.citymayors.com/statistics/urban_growth1.html). 

Cette urbanisation anarchique est d’autant plus grave qu’elle n’est pas seulement le fruit de la pression démographique mais aussi des élus locaux qui profitent de la bulle foncière, dont le plus célèbre d’entre eux Adama Sangaré maire du district de Bamako à qui la justice demande des comptes. Tous les problèmes du mali trouvent leurs causes dans la corruption galopante qui ravage l’administration de ce pays.

La chaine de décision est clairement identifiée par la loi: 

 La direction nationale de l’assainissement et du contrôle des pollutions et des nuisances créée par l’ordonnance n° 98-027/ P-RM du 25 août 1998 a pour mission l’élaboration des éléments de la politique nationale en matière d’assainissement, le contrôle des pollutions et des nuisances et d’en assurer l’exécution.

La mairie du district de Bamako qui a pour mission de gérer les centres de transit, de tri et d’évacuation des déchets.

La Direction Nationale de l’Urbanisme et de l’habitat est elle chargée de l’application de la réglementation en matière d’urbanisme et d’habitat, du développement harmonieux des agglomérations.

A l’heure où l’on parle de Mali nouveau il est temps d’en finir avec le laxisme et l’irresponsabilité chronique qui règne depuis trop longtemps déjà.

Sources : http://www.memoireonline.com/06/12/5958/Gestion-des-eaux-usees-domestiques-dans-le-district-de-Bamako-Cas-de-la-commune-V.html

http://www.lapresse.ca/international/afrique/201308/29/01-4684512-inondations-au-mali-23-morts-a-bamako.php

http://www.citymayors.com/statistics/urban_growth1.html

http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:Ytls1Gu9ObwJ:mali.humanitarianresponse.info/en/system/files/documents/files/INONDATIONS%2520REUNION%2520DU%2520%2520CLUSTER%2520SANT%25C3%2589300812%2520(1).ppt+&cd=14&hl=fr&ct=clnk&gl=ng

 http://www.malijet.com/la_societe_malienne_aujourdhui/80358-plus-de-30-morts-dans-des-inondations-a-bamako.html 

Blog Un toubabou à Bamako http://mali.blogs.liberation.fr/helsens/2010/07/le-grand-nettoyage.html

Ouaga: « Si tu veux concevoir la paix, pose d’abord les armes. » Alain

Hier le gouvernement malien et les rebelles qui occupent le nord du mali le Mnla et le Hcua sont parvenus à un accord sur l’organisation des élections dans ville de Kidal, prévues pour le 28 juillet.

Cet accord prévoit donc le cantonnement des éléments du Mnla et le retour de l’Armée malienne ainsi que de l’administration dans la région et ce sans tirer une balle.

Il s’agit à mon sens uniquement d’un début de sortie de crise et non de la sortie de crise, et dans la mesure où à l’heure actuelle nul n’a en sa possession le texte de l’accord il est difficile pour quiconque de sérieux de se prononcer definitivement sur l’accord.

Or dès hier certains medias n’hésitaient pas à se prononcer sur un texte qu’ils n’ont pas vu donc, parlant de capitulation, d’humiliation, de trahison…Des arguments qui ont été repris en boucle sur les réseaux sociaux.

Loin de moi l’idée de juger qui que ce soit, mais il me semble très dommageable que l’on cède à la propagande de certains medias sans scrupules, dont le but est uniquement de semer la zizanie, d’affaiblir le pouvoir en place et ce au profit de certains hommes politiques sans scrupules.

Je prends pour exemple le parti Sadi qui s’est permis de critiquer cet accord, faut-il leur rappeler que leur gourou Oumar Mariko s’était lui-même rendu au nord pour discuter avec ses « frères » d’AnsarDine en 2012?

Je pense simplement que ceux qui parlent de défaite, oublient là d’où l’on vient et comment nous en sommes arrivés là.

Il y a un an les rebelles déclaraient l’indépendance de la région nord du mali, AnsarDine avec ses alliés Aqmi installaient un Etat islamique et l’armée malienne était cantonnée à Sévaré craignant la moindre offensive des rebelle vers le sud.

Aujourd’hui l’accord reconnait l’intégrité territoriale du Mali, son caractère laïc, son unité et surtout ceux qui occupaient tout le nord du pays seront cantonnés sous surveillance internationale.

Les rebelles étaient hostiles au retour de l’armée à kidal, nous y serons, hostiles à l’Etat, son administration sera de retour, et le vote aura lieu.

Il y a pire comme défaite et humiliation….

Un Etat doit savoir mettre de côté ses envies de vengeance, et saisir au bond une possibilité de règlement de la crise pacifique, sans avoir à user de la force.

Une bataille à Kidal ce n’est que plus de sang, plus de déplacés et tout ça parce que nous serions aveuglés par l’esprit de vengeance.

Evidemment cet accord ne signifie pas la fin de la crise, il reste beaucoup à discuter et la encore le gouvernement a à mon sens réussi un coup de maitre en imposant un dialogue inclusif.

Cela signifie que contrairement à ce qui s’est passé à Ouagadougou, le dialogue concernera toutes les communautés du nord, les séparatistes (minoritaires) et celles qui sont attachées à l’intégrité territoriale, pour discuter de l’avenir du nord, de son développement, un dialogue qui à mon sens aurait dû avoir lieu, avant de balancer des millions de dollar par les fenêtres pour des projets non adaptés à cette région.

Une fois les élections terminées, donc après le mois d’aout (2ième tour) le plus dur commencera, trouver une solution définitive à toutes ces crises et cela dans le respect des principes énoncés par l’accord de Ouagadougou.

Une partie des maliens est contre cet accord, mais elle doit savoir que la guerre doit se terminer par le dialogue.

Entre temps une partie du Mnla s’estime aussi trompée par leurs chefs, qu’ils accusent d’avoir sacrifié la cause pour des avantages et des amnisties, le grand classique des rebellions.

En conclusion on ne peut satisfaire tout le monde, mais cet accord ressemble plus à un renforcement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble de son territoire, qu’a une victoire d’un groupe armée qui perd Kidal, qui quittera toutes les villes occupées et qui sera confiné en attendant le dialogue de toutes les communautés du Nord.

Vous l’aurez compris avec le titre, nous n’avons pas encore gagné la paix mais nous sommes sur la bonne route et il faut maintenant réussir le cantonnement du Mnla, le retour de l’Ama à Kidal et l’organisation des élections…la route est longue, encore un effort malien!