Afrique: Mimetisme et soumission

En cette période où l’on parle de francophonie, de sommet France Afrique, il m’est paru important de se pencher sur un phénomène complexe à mesurer et difficile à qualifier, mais dont les impacts ne sont pas négligeables, il s’agit de ce que l’on appelle le complexe d’infériorité des noirs par rapport aux occidentaux.

Moi je préfère utiliser une expression de l’Economiste Sanou Mbaye « Le mimétisme et la soumission », qui selon lui a pour conséquence un rejet de l’apparence physique, et un reniement des origines. Mais pas seulement, ce phénomène explique dans une certaine mesure, le retard accumulé par le continent en termes de développement.

Je ne suis pas psychologue, je ne suis pas doué pour cela. Lorsque l’on parle de rejet de l’apparence physique, il s’agit principalement de la couleur de peau, et des cheveux crépus. Au Mali par exemple, mais je pense que cela est transposable ailleurs, l’un des critères de beauté est le teint de la peau, plus la jeune fille sera claire de peau, plus sa « cote » va grimper auprès des « mâles », ce phénomène a conduit à l’introduction d’un tas de produits éclaircissant, dont se servent les hommes également.

 eclaircissant

A cela s’ajoute la volonté d’avoir des cheveux lisses, on peut y avoir une forme de complexe par rapport aux blancs. Ces femmes noires veulent devenir plus claires de peau, avoir les cheveux lisses. Certains expliquent cela comme étant un complexe d’infériorité issu de l’histoire, c’est à dire de l’esclavage puis de la colonisation.

Le rapport avec le développement économique me direz-vous? Tout simplement parce que nous construisons nos modèles et nos schémas sur ce qui se passe en occident. Alors je ne dis pas que le progrès un phénomène occidental qu’il faut bannir, non plus que ce que l’on appelle la « mondialisation » est mauvais, car nous n’avons pas attendu les occidentaux pour faire du commerce.

Je pense que notre modèle n’est pas le bon, car il se fait sur des bases culturelles, qui ne sont pas les nôtres, nous ne sommes pas culturellement disposés à construire une société basée sur le profit à outrance, la richesse à tout prix, une société qui laisse les plus faibles sur le côté, ce ne sont pas nos traditions, nous avons un modèle à créer.

Mais comment y arriver lorsque nos dirigeants sont conseillés par des occidentaux, ou que les consultants de la Banque Mondiale, du FMI sont tous issus du monde occidental, et se contentent d’appliquer bêtement la même recette à tous les pays.

Cette perturbation culturelle et ce reniement de soi sont à l’origine de cette pauvreté, car plutôt que de nous faire confiance, nous avons confiance en des gens que nous jugions  mieux placés, « supérieurs ».

Des pays d’Asie du Sud Est comme le Vietnam (Pourtant sous embargo des USA à l’epoque) ont réussi un développement phénoménal, en se basant sur leurs propres atouts sans rien attendre de « l’occident bienveillant ». Lorsque l’on a « conseillé » aux pays africains la libéralisation de certains secteurs publics, ce qui fut fait, les premiers acquéreurs de ces sociétés publiques furent des entreprises privées occidentales.

Le taux de rentabilité sur les Investissements directs à l’étranger atteignait les 40%, et tout cet argent ne restait naturellement pas dans le pays, n’était pas réinvestit et ces entreprises ne payaient pas d’impôts le plus souvent.

Pour résumer des Présidents africains, sous les conseils de consultants occidentaux, jugés plus fiables, ont liquidés des entreprises publiques, et permis à des privés venus d’occident de faire fortune sans qu’un seul franc ne soit dépensé dans le pays d’accueil.

Donc les occidentaux accumulent les capitaux puis les rapatrient chez eux, quant aux africains, il se dit qu’il faudrait être fou pour conserver sa fortune en Afrique, il l’exile donc. Retour de capitaux minime sur le continent, avec toutes les conséquences que l’on sait…

Vous aurez remarqué que le peu de capitaux restants sont dans les mains de proches du pouvoir ou de membres du pouvoir, ces derniers connaissent les rouages du système qu’ils ont mis en place, savent que ce système est bancal et donc que leur fortune amassée sur le dos du peuple ne saurait être en sécurité en cas de chute du régime.

Il ne s’agit pas de mettre tout l’occident ou toute l’Afrique dans le même paquet, il s’agit de dénoncer un système, un phénomène qui nous est défavorable et auquel il faut remédier.