Ce que peut changer le G5 sahel

Selon l’adage, l’union fait la force, seul on est plus vulnérable qu’à plusieurs. Après trois années, de colloques et réunions, l’initiative du Groupe des 5 (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) de mettre en place une force conjointe, est sur le point de prendre vie avec pour objectifs de lutter contre le terrorisme, et de promouvoir le développement dans la zone sahélienne.

Ce n’est pas la première initiative de la sorte, il y a un an, se tenait à Bamako, la réunion du Comité d’Etat-major opérationnel conjoint. La structure créée en avril 2010 et basée à Tamanrasset comprend le Mali, le Niger, l’Algérie et la Mauritanie. Elle ambitionnait de mettre en place une force de plusieurs milliers d’homme, certaines sources évoquant jusqu’à 75000 en fin 2012, dans le but de lutter contre la criminalité transfrontalière et le terrorisme.

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Carte des pays membres du CEMOC

L’initiative algérienne visait aussi à soutenir, les 3 pays qui ont des capacités militaires bien inférieures aux siennes, pour lutter efficacement contre le terrorisme. Elle comptait contrer l’influence grandissante de la France et des Etats-Unis dans la zone, dans la zone sahélienne.

En 2013, les Américains évoquaient la nécessité de mettre en place une force capable de combattre les groupes terroristes et tou

tes les formes de criminalité au sahel, qui serait dirigée par l’Algérie. A ce moment-là on pensait réactiver le CEMOC et à y associer le Tchad. Face aux réticences d’Alger et à l’urgence de la situation, les 5 pays ont pris la décision de créer le G5 sahel, bénéficiant de l’appui de l’Union africaine (En vertu de l »architecture paix et sécurité); de la France et des Nations-Unies.

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Pays membres du G5 Sahel

Dans les années 2000 le Mali était clairement indexé comme étant le maillon faible de la zone, ses alliés l’accusaient notamment de faire preuve de complaisance et d’une certaine naïveté à l’égard d’Aqmi. Le Mali pour sa part arguait, que sans une coopération franche aucun de ces Etats ne pouvaient lutter seul contre ces fléaux. Il y avait un peu de vérité dans chacune des positions.

Depuis, le basculement du Mali en 2011, le pays peine à se remettre sur pieds, et les groupes armés terroristes, se multiplient, pour mieux s’associer. Les forces onusiennes présentes au Mali,  et la force Barkhane, on du mal à faire et la réponse politique à la crise tarde à venir des autorités maliennes, notamment à travers la mise en oeuvre diligente des dispositions de l’Accord pour la paix d’Alger. Les attaques terroristes se multiplient, des groupes radicaux contrôlent des pans entiers du territoire malien, et n’hésitent pas à mener des opérations dans les pays voisins.

Dans la région de Mopti plusieurs groupes radicaux et criminels, prospèrent des deux côtés du fleuve, et y font régner la loi, le Burkina Faso et le Niger ont été attaqués à partir de la Région. Ces groupes mobiles traversent, les frontières poreuses sans difficultés pour commettre leurs attaques. La Mauritanie est pour le moment épargnée.

L’organisation entend lier les questions de développement et de sécurité, afin de lutter efficacement contre le terrorisme et la criminalité transfrontalière, un programme global estimé à 14 milliards de dollars a été esquissé. Actuellement on chiffre à 400 millions de dollars le cout de déploiement de 5250 hommes, dont 100 millions seraient déjà acquis.

Sur le plan politique, les 5 pays concernés sont membres du club des pays les plus pauvres de la planète, caractérisés par la mauvaise gouvernance, une situation humanitaire précaire et un fort chômage des jeunes.

Sur le plan militaire, l’armée tchadienne a su démontrer un certain savoir-faire sur le terrain, elle est sans doute supérieure celle de ses partenaires, mais elle souffre de la mauvaise gouvernance, et des mouvements d’humeur assez fréquents au sein des bataillons. Les forces armées des pays qui composent le G5 Sahel, font face aux mêmes difficultés liées au manque de moyen et de formation du personnel. Le Mali et le Niger sont les pays qui doivent fournir le plus de soldats à la force, car ayant plus de frontières à couvrir.

3 zones de patrouilles ont été définies:

  • La frontière Mauritanie/Mali, longue de 2200 km sera surveillée par deux bataillons, qui auront un droit de poursuite, jusqu’à 50 km à l’intérieur du territoire voisin. Ce n’est pas nouveau en 2010, la Mauritanie avait déjà mené des incursions en territoire malien et même procédé à des bombardements contre des cibles terroristes d’après Nouakchott. Au Mali on a plutôt parlé de victimes civiles notamment deux femmes (selon les dires du Maire de Ber d’alors, Sidi Ibrahim Ould Sidatt aujourd’hui Chef de la Coordination des mouvements de l’Azawad).

La Mauritanie a été confonté au mouvement Aqmi durant de longues années et reste en alerte. Depuis 2011 et un attentat à la voiture piégée manqué, le pays a poursuivi la politique offensive sur le plan militaire mais aussi social. L’armée s’est renforcée sur le plan social, le pays a investi dans les zones réputées être des repères pour terroristes, a mis à contribution ses imams pour déconstruire le discours radical, notamment dans les medersas. Il y a la nécessité de rester vigilant, notamment dans des zones comme la forêt du Ouagadou, où il y a une forte présence de groupes armés terroristes.

  • La frontière Mali/Burkina Faso/ Niger, bassin Liptako-Gourma, chaque pays fournira également un bataillon. En début d’années, la force barkhane avait déjà mené des opérations conjointes avec ces 3 armées pour traquer, les hommes d’Ansarul Islam de Malaam Dicko.

Dans cette région du Liptako-Gourma, il y a plusieurs conflits, notamment entre sédentaires et nomades depuis plusieurs décennies, liés au partage des ressources naturelles. Les groupes armées terroristes attisent ces querelles et réveillent les vieilles rancœurs, pour provoquer des troubles et déstabiliser la région. Face au recul de l’administration, ils se sont installés dans les zones environnantes et mènent des attaques contre les communautés situées de l’autre côté de la frontière (Burkina Faso, Niger).

  • La frontière Tchad-Niger sera surveillée, par 2 bataillons également, à noter qu’en mai 2017, les 2 pays et le Mali avaient convenu d’une convention judiciaire pour la mise en place de commissions rogatoires internationales, l’échange entre les États des actes judiciaires, la comparution des témoins, experts et personnes poursuivies et une politique de coopération en cas d’extradition.

La zone de patrouille s’étendra de la frontière libyenne, à la frontière nigériane, dans le sud, vers Bosso, ville qui a été à plusieurs reprises secouées par les attaques du groupe terroriste Boko Haram. Le Nord avec la frontière libyenne est un couloir très fréquentés par les groupes terroristes et criminels, qui font le voyage dans tout le sahel.

  • Les frontières nord (Algérie, Libye) ne sont pour le moment pas concernées.

Les pays du G5 sahel, ont le souhait d’agir sur trois axes, la sécurité, la gouvernance et le développement. La force sans projet politique, n’atteindra pas ses objectifs, et si un schéma précis de développement n’est pas mis en place, on risque d’échouer à contenir et à faire reculer la menace.

Sur ce plan des questions subsistent : quel modèle de développement pour la zone? Comment prendre en charge les populations nomades et sédentaires? Quelle politique de lutte contre la désertification? C’est sans doute là que réside la faiblesse du projet du G5 Sahel.

Les chefs d’Etat de la région, ont le plus souvent une vision sécuritaire de la question, or le problème est d’abord politique, ce qui les renvoie à leurs politiques de développement qui ont produit des résultats mitigés, du fait de la mauvaise gouvernance, de la corruption ou du manque de volonté tout simplement.

Toutes les politiques de développement initiées au Nord du Mali depuis 1990 ont eu des résultats mitigés, les sommes annoncées n’ont pas permis d’apporter les services sociaux de base aux populations. L’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali après 2 ans, en est encore à régler les détails sécuritaires (Patrouilles mixtes, Cantonnement, DDR) et les détails politiques. La partie concernant le développement a été mise entre parenthèses, les populations ne voyant pas les dividendes de l’accord, seront plus réceptives aux messages des groupes armés radicaux ou des groupes criminels.

Le G5 sahel, n’est donc pas la panacée, c’est un instrument supplémentaire dont le Mali pourra bénéficier pour tenter d’asseoir sa souveraineté sur une partie de son territoire dont le contrôle lui échappe. Pour réussir sa mission, le G5 sahel, aura besoin de l’appui de la force Barkhane sur plusieurs plans, ainsi que de la force de la Minusma. Le G5 aussi devra être un complément, une force sur laquelle la Minusma et Barkhane déjà débordées pourront se reposer.

Il faut insister sur l’aspect développement et le soutien à apporter aux populations pour les couper des groupes armés terroristes, et c’est là où réside la faiblesse de l’initiative, la crainte est que les sommes colossales annoncées ne soient pas utilisées correctement, comme trop souvent.

Edito: Il faut une solution politique à la crise du Centre.

Depuis, la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le nord du pays connait un terrorisme et un banditisme résiduels. Les terroristes appliquent une stratégie classique, c’est-à-dire, harceler les forces (Minusma, FAMA, Barkhane) par des attaques dites « asymétriques ».

Cette situation était prévisible, on savait en 2013, qu’ils quitteraient les villes, pour se réfugier en brousse, ou se mêler à la population pour mener des attaques spectaculaires en nombre réduit, on savait également que tout retard pris dans la mise en œuvre d’une solution politique au conflit leur serait favorable.

Ce que nous avons été peu avoir est la déflagration de la situation politique, sociale et sécuritaire dans le centre  du pays, et les impacts que la crise dite du nord avait eu sur les équilibres déjà fragiles. Aujourd’hui on tente d’y apporter une réponse sans vraiment cerner les causes exactes.

Pour les uns il s’agit de terrorisme, dans le sillage des prédicateurs Amadou Kouffa et Ibrahim Malam Dicko, pour les autres il s’agit de règlements de compte liés à des conflits ancestraux entre pasteurs et agriculteurs, et enfin pour les derniers il ne s’agit ni plus ni moins que d’une instrumentalisation pour déstabiliser le Mali.

Il y a un peu de vérité dans tout ça, tout d’abord, dans sa stratégie pour répandre la terreur en Afrique de l’Ouest les leaders d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique ont toujours essayé de se baser sur les communautés locales, et de profiter de la situation d’extrême fragilité dans laquelle elles se trouvaient.

C’est ainsi que l’idéologie dite radicale s’est peu à peu répandue, et qu’avec la crise de 2012 plusieurs groupes sur bases communautaires se sont ralliés à Aqmi, il s’agit notamment d’AnsarDine et du Mujao, ce dernier était présenté comme un mouvement contenant une forte communauté peul, notons que certains ont rejoint ce mouvement plus pour assurer la sécurité de leurs communautés que par adhésion idéologique.

Lorsque l’Etat est inexistant le dernier rempart, la dernière structure qui tient est celle du clan, de la Communauté, et c’est ce que l’on a vu dès 2012, lorsque chaque communauté, a commencé à chercher des armes pour se protéger. Le caractère inter/intra ethnique du conflit s’accentue à partir de ce moment.

Certaines communautés pastorales gardaient un ressentiment très fort envers, les autorités traditionnelles, les représentants de l’Etat et des groupes ethniques bien précis. Si vous ajoutez des rancœurs anciennes, un afflux d’armes, et aucun contrôle de l’Etat, vous obtenez une zone de non droit, ou la vie est rythmée par des règlements de compte.

C’est ainsi que les premières cibles du mouvement surnommé par la presse « Front de libération du Macina », furent des maires, des agents des eaux et forêts, des chefs religieux et coutumiers. Dans un second temps, le conflit monta en intensité avec des affrontements avec les communautés dozos, avec de nombreux massacres dans plusieurs villages. Ce conflit comme celui du nord, nécessite un traitement politique et non militaire, car il tourne globalement autour du partage des ressources naturelles, certains conflits datant d’il y a plus de 60 ans.

La pression démographique a fortement réduit les zones de pâturages, et celles qui étaient protégées de la spéculation par la loi ont été justement vendues par des autorités locales, ce qui a contribué à provoquer des affrontements entre agriculteurs bambara, dogons et pasteurs peuls. Ce conflit agriculteurs/nomades n’est pas propre au Mali, ce qui change c’est que dans la même zone il y a plusieurs groupes prêts à exploiter ce conflit, à l’instrumentaliser pour atteindre leurs objectifs.

Les politiques aujourd’hui sont dépassés par ce conflit, et ne savent pas comment y répondre si ce n’est pas l’emploi de la force, qui est tout aussi nécessaire, mais la solution ne peut être que politique, encore faut-il avoir des interlocuteurs crédibles avec un pouvoir d’influence en face, les chefs traditionnels ont perdu ce pouvoir sur beaucoup de ces jeunes que l’on appelle « radicalisés ».

Cette problématique vient s’ajouter aux autres, dans un pays très fragile, qui tangue depuis 15 ans, du fait d’une classe politique et d’une société civile qui refusent d’admettre la dimension politique de ces crises.

 

Création du G5 du Sahel

AFP/Ould Haldj

Les Etats du « sahel » se sont réunis la semaine passée à Nouakchott dans la capitale Mauritanienne afin de procéder à la mise en place d’un Groupe visant à promouvoir la sécurité et le développement au Sahel.

Pour les plus avisés d’entre nous cela nous rappelle la mise en place du Comité d’Etat-major opérationnel conjoint qui avait été mis en place par l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali. Mis à part une réunion, des bombardements mauritaniens sur des villages maliens et une incursion des forces spéciales françaises à partir du Niger au Mali (Encore) ce projet est un flop total. Les algériens rechignant à collaborer amplement, alors que les 3 autres pays posent des armées plutôt faibles et incapables de mener une guerre correcte contre le terrorisme.

Alors comme vous êtes bon en géographie vous savez que le Sahel va du Sénégal à l’Érythrée et un pays important comme l’Algérie est exclu de cet organisation, de plus il existe déjà des organisations transsahariennes comme le Cilss, alors on se demande bien quel est l’objectif de ce G5?

Le président Issoufou déclarait « Quand nous aurons liquidé la pauvreté, nous aurons créé les conditions pour affaiblir le terrorisme et le crime organisé. Pour cela, il est heureux que nous ayons décidé de mutualiser nos efforts pour faire face à ces défis » On comprend alors qu’il s’agit d’une organisation plus économique que militaire et cela ne peut qu’être salutaire, dans la mesure ou la pauvreté est le terreau fertile de l’insécurité et de la criminalité transfrontalière.

Une large part est donnée aux populations locales, très souvent abandonnées par les Etats, il est prévu  « un programme prioritaire d’investissements et un portefeuille de projets structurants accordant une large priorité à la sécurité, à l’ancrage de la démocratie et à la participation des populations à la promotion des zones les moins développées » selon le communiqué final.

Les pays du G5 ont également demandé un assouplissement de la dette et une aide financière des pays du Golfe, ainsi que des autres partenaires dans le développement des projets.

J’avoue avoir été sceptique, je le suis un peu moins, juste un peu, mais je pense que cela marque une certaine maturité acquise par nos Etats face au fléau du sous-développement et de la criminalité transfrontalière. Très longtemps les populations de ces zones ont souffert d’un manque d’Etat, de perspectives, la crise au Mali a fini de montrer à quel point il est important de promouvoir la démocratie locale, les projets de développement afin que les populations éloignées des centres de décisions se sentent citoyens à part entière.

La présence du Tchad, marque la volonté de ce pays après son intervention au Mali, de rester dans le jeu Sahélien, d’être un moteur, un patron dans la région. L’absence de l’Algérie, marque à mon sens un ras le bol des pays de la région face au géant qui avait tendance à ne jamais vouloir trop s’impliquer dans le Cemoc par exemple, tout en essayant d’imposer ses points.

Globalement ces pays ont à faire face aux mêmes difficultés dans ces régions et une coordination des efforts, peut en effet être plus efficace que des initiatives isolées.

En définitive si le G5 prospère nous ne verrons pas d’Operations sécuritaires, mais plus de mesures de lutte contre la pauvreté, il s’agit plus d’un organe de développement du sahel, que d’un outil sécuritaire. Au cumulé la communauté internationale prévoit d’investir près de 8 milliards dans ces 5 pays, coordonner des politiques dans des régions ou il n’y a pas de frontière ne peut pas faire de mal.

Il est vrai que nous avons l’habitude » des coquilles vides, des organisations aux noms ronflants dépourvus d’un quelconque effet sur le terrain, cependant si le G5 axe sa politique sur le développement du Sahel, il est possible de coordonner et de mener à bien des projets, cependant je suis beaucoup plus sceptique sur le plan sécuritaire. Comme l’a précisé le président Nigérien, liquider la pauvreté c’est aussi liquider le terrorisme.

  Le G5 du Sahel envisage de développer “des infrastructures (dans des domaines) comme le transport, l’énergie, les télécommunications et l’hydraulique ainsi que la sécurité alimentaire, l’élevage, le développement humain et l’adaptation aux changements climatiques”. Sans oublier de prendre en compte les spécificités des peuples nomades qui eux ignorent les frontières.

Bonne nouvelle!

Kidal, rébellion et négociation.

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AFP/KENZO TRIBOUILLARD

Il y a un certains nombres de mensonges sur la région de Kidal et plus particulièrement sur la ville de Kidal qu’il me semble important de briser tant le moment fatidique de la dure négociation entre le Mali et les rebelles approche.

Tout d’abord pourquoi la ville de Kidal cristallise-t-elle les débats? Pour la simple raison que c’est la seule ville dans le Mali où les rebelles possèdent une petite base militante capable de se mobiliser pour manifester. Par petite base militante j’entends entre 200 et 500 personnes (Mon impression). Alors on nous dit qu’ils sont plus nombreux dans les camps de réfugiés…Sachant que les départs en masse ont commencé avec l’invasion du nord et non avec le retour de l’armée, l’argument s’écroule. Pourquoi fuir son supposé liberateur?

Il n’y a jamais eu plus de monde dans une manifestation du Mnla. Et avouons que sur 20000 habitants de la ville de Kidal les capacités de mobilisation des rebelles sont nulles. Et à ceux qui continuent de nous bassiner avec « Kidal berceau des rebelles », le député de la ville n’est autre que Ahmoudène Ag Iknasse un indépendant farouchement opposé au Mnla, élu dès le premier tour…C’est dire!

Surtout quand ce dernier dit ceci: « Nous, nous sommes des Maliens, c’est pourquoi quand ils ont pris la ville de Kidal, je l’ai quittée. Je suis parti dans mon campement avec ma famille. Via le Niger, je venais prendre mon salaire pour retourner dans mon campement. Nous avons fait savoir aux rebelles que nous sommes du Mali et nous resterons au Mali » Le tort pour les détracteurs d’Ag Iknasse c’est qu’il est de la même tribu qu’Ag Gamou, Imghad, pire il a 3 fils dans l’armée malienne….et là vous comprenez que le conflit a une dimension tribale il ne s’agit pas de touaregs contre le reste du Mali.

Et même sur des bases tribales, ces mouvements n’ont pas de socle solide dans la population. Je n’ai pas vu la population hurler de joie quand ils sont entrés à Tombouctou et Gao et Kidal, par contre j’ai vu l’inverse à la libération. J’ai vu des scènes de joie à Kidal à l’arrivée des forces armées maliennes. J’ai vu des populations battues et terrorisées par des hommes en armes car elles étaient noires ou pro Mali ou fières de voir le retour de l’armée.

Sous prétexte de vouloir éviter un affrontement armé, l’armée malienne ne possède pas plus de 300 hommes dans la ville de Kidal, et ils ne peuvent avoir accès à certaines zones, empêchés par la Minusma. Les patrouilles de l’armée malienne ne servent à rien, au contraire à défaut de se barricader ce sont des cibles sur pieds. Nos hommes n’assurent en rien la sécurité des habitants et la Minusma ne fait guère mieux. Je n’accuse pas les soldats de la Minusma mais les politiciens à la tête de l’organisation. Nous avons vu au cours des derniers événements que ces soldats ne sont pas mieux lotis que les maliens.

Par cette politique on a laissé depuis 7 mois la ville de Kidal aux mains d’un petit noyau d’extrémistes qui n’hésitent pas à envoyer des femmes et des enfants contre des soldats, pendant qu’ils paradent dans les beaux hôtels de Ouagadougou. Ces petits groupes terrorisent la population qui ne leur est pas favorable, organisent le racket des commerçants, et va jusqu’à tuer (Meurtre des deux journalistes de Rfi).

La politique laxiste mise en place à Kidal, est le fruit d’une erreur d’appréciation de la communauté internationale, penser que Kidal était le bastion incontesté de la rébellion et qui fallait donc un traitement particulier, était une idée génialement fausse. La solution aurait été de traiter Kidal comme toutes les villes, pousser les extrémistes dehors et ensuite négocier (Pour les otages et le reste). Au lieu de cela on leur a offert un terrain de jeu. D’ailleurs pour ceux des rebelles qui hurlent à gauche et à droite qu’ils sont les représentants de « l’azawad », mes représentants donc, je les invite à  aller marcher à Gao, à Tombouctou, Tessalit, qu’ils organisent une marche pro-indépendance, ils verront alors à quel point ils sont soutenus. Tout ceci n’est qu’une mascarade organisée par 3000 – à la louche- individus armés qui pourrissent la vie à des millions d’autres. Ces gentils rebelles empêchent le retour du personnel médical, le retour des enfants à l’école, couvrent les activités des terroristes, elle est belle la rébellion….

Quand je vois des soi-disant chercheurs comme Boilley, Hawad, ou encore Chomski-Magnis, c’est dire si l’on est tombé bien bas, valider certaines thèses racialistes du Mnla je me dis que menteur c’est une profession, et je ne parle même pas de ces humanitaires ou journalistes qui viennent nous expliquer le Mali et tout ça parce qu’un jour ils ont discuté sous une tente avec Ag Attaher dans la région  en écoutant le blues de Tinariwen. C’est comme si moi en écoutant Renaud dans un camping de la Côte d’azur avec Michael Youn je me déclarais spécialiste de la politique Française.

Le charlatanisme a de beaux jours devant lui, rappelons aussi que ces gens avaient dépeint le Mali comme un sud noir et un nord blanc, mon nord à moi serait exclusivement blanc. Moi quand je me suis baladé dans Gao, Tombouctou, Kidal, je n’ai vu qu’un arc-en-ciel, de noirs, arabes, Touaregs, on vivait les uns pour les autres, les uns avec les autres et cela existait depuis des siècles. Mais bon le travail historique ça fatigue, pardonnons leur les raccourcis simplistes.

Il n’y aura pas de négociation et de paix viable au Mali sans un cantonnement effectif et là aussi le mensonge est de mise. Les rebelles veulent être cantonnés dans les trois régions du nord et estiment avoir plus de 9000 combattants. Avec 9000 combattants on ne se fait pas expulser en un jour de toutes les régions du Mali par 1000 combattants d’Aqmi. Et c’est ce qui est arrivé au Mnla en juin 2012. L’objectif est financier, le cantonnement est un moyen pour avoir plus d’argent plus de vivres…

 Ensuite sachant qu’ils sont pour la grande majorité à Kidal pourquoi vouloir des camps à Gao et Tombouctou, sinon pour agir comme une armée d’occupation et pouvoir étendre leur banditisme aux autres régions de manière plus efficace.

Autre micmac le choix du médiateur, je tiens à rappeler ici que les chefs du Mnla après la rouste reçue à Gao en juin 2012 avaient détalé à Ouaga grâce à un hélicoptère envoyé par Blaise Compaoré. Je tiens à rappeler que depuis 1 an on nous a déclaré la guerre 6 fois à partir du Burkina un pays ami et frère, selon l’expression consacrée. Ces gens sont à Ouaga depuis plus d’un an logés nourris blanchis. Par qui?

L’hospitalité offerte par Compaoré à nos agresseurs a de quoi irriter, et le fait que le Mnla insiste pour que la médiation se tienne à Ouaga accroît cette irritation et la méfiance. N’y allons pas par 4 chemins, rares sont les gens au Mali ayant confiance en Compaoré, et ce depuis le début et malgré les prouesses de Bassolé dans la gestion du cas Sanogo.

L’Algérie apparaît comme un médiateur plus acceptable, mais il ne faut pas oublier qu’ils avaient poussé sur le devant de la scène ce cher Iyad Ag Ghali, et que cette stratégie s’est soldée par un échec puisque ce dernier est à l’origine de l’attaque de Konna.

Le Maroc est également cité comme possible médiateur, mais honnêtement je trouve que les Marocains sont plus dans une phase où ils essayent de prendre pieds dans le dossier, pour s’inviter à la table des grands du sahel/Sahara. Le Maroc fait bien de s’impliquer car il est tout aussi concerné, mais je pense qu’ils ne sont pas assez influents pour peser sur le débat, du moins pas aussi influents qu’Alger. De plus il ne manquerait plus que ces deux la exportent leur petite guéguerre au Mali….Enfin on parle du Niger, mais étant donné la virulence des propos  du gouvernement Nigérien envers le Mnla, il serait étonnant que ces derniers puissent être médiateurs.

La bonne solution pourrait être une médiation Onusienne, en Suisse, avec toutes les parties prenantes au conflit, et on prendrait le temps de discuter toutes les questions de fond y compris les plus difficiles. Je ne comprends pas pourquoi ce regain de patriotisme, ce soudain attachement à régler un problème malien entre maliens et à Bamako, l’important n’est-il pas de trouver une solution peu importe le lieu ou le médiateur. S’il faut pour la paix que l’on signe un accord à « Montevideo »  pourquoi ne pas le faire. Apres tout c’est de la vie d’êtres humains dont on parle.

La seule « bonne nouvelle » est qu’au moins les groupes armés vont aller grouper aux négociations, ce qui nous évite des discussions sur plusieurs fronts. Je rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, les gars d’ansardine devenus HCUA traitaient le Mnla d’infidèles à la botte des occidentaux n’étant actifs que sur Facebook, et le Mnla lui traitait les 2 autres groupes (MAA et Ansardine) de terroristes et de narcotrafiquants…Finalement tout ce beau monde a fini par s’aimer, preuve qu’ils ne sont pas si différents.

 PS: 11 ONG viennent de lancer un message urgent, la crise alimentaire menace plus de 800000 personnes au nord, et la situation actuelle ne laisse pas entrevoir une amelioration. Peut-être est-il temps de penser aux réfugiés, aux parents et aux enfants qui souffrent de cette crise.