Mali: Signera, signera pas?

Signera signera pas ?

Trois longues années de conflits, de rebondissements, de massacres, de drames humains, de mensonges, une Nation humiliée, exsangue, voilà le résultat d’une révolution de pacotille installée par des forces obscures au Mali.

Non pas qu’il faille nier les réels difficultés qui existent dans le Mali et notamment dans la partie nord, aride, désertique, mais il s’agissait bien d’une révolution importée, non désirée par les populations locales. La greffe a foiré, le pays reste soudé, il faut bien trouver une porte de sortie, une alternative crédible à la guerre et cela passe par des accords de paix.

Les discussions menées sous l’égide de l’Algérie devaient d’abord aboutir, à une « paraphe » puis à la signature définitive le 15  mai à Bamako.

Cet accord se distingue par la grande diversité des acteurs présents, on y trouve le gouvernement légitime du Mali, des milices d’auto défense, des rebelles de la première heure, des rebelles de la dernière heure, des terroristes, des djihadistes, des fanfarons, des spécialistes du retournement de veste….Et c’est un exploit d’avoir réussi à mettre tout ce beau monde autour d’une table….Premier couac seule une partie à accepter de parapher le document, la partie « pro-Bamako ».

Les autres préférant se faire désirer, jouant sur les relents ethniques, sur une base militante d’à peine 2000 personnes, profitant également de leurs puissants appuis, dont certains se disent amis du Mali…on connait ce genre d’amis…

Cet accord est-il un bon accord ? On se pose encore la question ! Apres avoir lu et relu, décortiqué cet accord, il apparait être un moindre mal ! Le problème ne se situe pas dans l’accord lui-même, dans les concessions à faire, mais dans la capacité à mettre en œuvre cet accord, mais aussi à pouvoir ramener la paix définitivement.

Le Mali a accepté de faire des concessions dit-on, mais cet accord n’est pas si diffèrent de ceux que nous avions déjà signés par le passé, sans pour autant pacifier la zone. Certes il n’y avait pas eu de rebellions comme celle de 2012, mais ces accords ont contribué à faire du nord, une zone de non droit, où le trafic de cocaïne, et d’êtres humains  avaient légion.

Il n’y avait plus aucune justice, et chaque élection pouvait se terminer en bain de sang communautaire, comme à Tarkint en 2009. Si l’on devait appliquer stricto sensu cet accord, on se retrouverait à gérer d’une part la question de la préférence locale, puis d’autre part des élections régionales qui pourraient s’annoncer explosives.

On peut en effet craindre que chaque communauté réclame sa part du gâteau, et qu’il y ait une bataille électorale basée uniquement sur l’aspect communautaire. On a l’exemple de nombreux pays, où cela conduit à des drames.

Autre difficulté que pose cet accord, qui pour financer tout cela ? Le Mali est à sec, les pays occidentaux sont empêtrés dans leurs propres difficultés. Le financement parait très compliqué, d’autant plus que les mécanismes de contrôle sont quasi inexistants. Combien de millions d’euros destinés au financement de projets dans le nord ont été détournés à ce jour ?

Mais cet accord est un moindre mal, il comporte en lui des éléments, porteurs d’espoir, et de renouveau, s’ils sont mis en œuvre bien sûr.

Dans le projet d’accord, il est stipulé que chaque Région du nord, devra mettre en place une Assemblée Régionale élue au suffrage universel avec de  larges transferts de compétences. Il s’agira selon le même texte de favoriser la libre administration par les populations de leurs affaires, avec pour chaque Région le droit d’adopter une dénomination de son choix.

Ce n’est pas une avancée EXTRAORDINAIRE, rien de neuf sous le soleil malien, mais c’est une voix de résolution du conflit sur laquelle on doit s’appuyer. La libre administration par les populations, permet d’accroitre le contrôle du citoyen sur la gestion de sa Région. Elle lui permet de se sentir plus impliquer dans son propre développement. Cela n’est qu’à l’étape théorique, mais s’il devait s’avérer juste dans la pratique, elle permettrait d’éteindre beaucoup de frustration de Kayes à Kidal, et mettrait une pression supplémentaire sur des élus véreux qui passent plus de temps en capitale qu’auprès des populations. La sanction électorale étant plus proche.

L’accord prévoit de créer  également une Zone de Développement des Régions du Nord, qui sera dotée d’un Conseil consultatif interrégional constitué des représentants des Assemblées Régionales concernées et chargé de la coordination des efforts de mutualisation des moyens pour accélérer le développement socio-économique local. Ce dispositif a pour but de permettre selon le texte que ces régions rattrapent leur retard de développement par rapport aux autres dans un délai  de 10-15 ans.

Il a parfois été contesté à ces trois Région le droit d’être appelées « Région les moins développées ». Pour valider cette affirmation, il faudrait en réalité mener une étude économique sérieuse, permettant de savoir le poids économique et l’indice de développement de chacune par rapport aux autres. Ce que l’on ne peut nier en revanche c’est qu’elles ont un gros handicap lié aux conditions climatiques. Il est plus ardu de développer certains projet au Nord qu’ailleurs, mais elles ont aussi leurs avantages comparatifs, donc tout est relatif.

Il est donc possible pour ces Régions de rattraper leur « retard » à condition de mener une politique de développement basée sur leurs atouts et leurs besoins. L’implication des populations locales est donc primordiale. La question qui reste en suspens, Qui pour financer ?

Une Conférence d’appel de fonds sera convoquée, suite à une mission d’évaluation des besoins conduite par la Banque africaine de développement, et la Banque islamique de développement dans les deux mois suivant l’élaboration de la Stratégie spécifique de Développement est prévue. S’il s’agit du même mécanisme qui permet d’enrichir les ONG et les OI autant jeté le tout à la poubelle. Nous ne voulons pas de projet de développement à caractère humanitaire, nous voulons des projets de développement économiques.  Si creuser des trous et se prendre en photo, rempli certains de bonheur, il n’a pas permis aux populations de certaines zones de sortir de la pauvreté. On appelle cela une aide stérile.

Au final cet accord peut être bon pour le développement du Mali en général, mais pour signer un accord, il faut que les parties en conflit s’impliquent avec force. Or l’on constate avec quelle mauvaise foi, ceux qui ont attaqué le pays, s’entêtent à nous maintenir dans cette précarité.

Demandez donc au Mnla et au Hcua, ce qu’ils ont apporté aux populations du Nord ? Le résultat de leur « révolte », c’est 400000 réfugiés, des milliers de morts, des femmes violées. Où sont les instigateurs de la révolte ? A Paris, Ouagadougou, Genève, dans les grands hôtels à parader.

Le sérieux des gens avec qui l’on doit signer pose question et est un réel frein à la paix, Peut-on leur faire confiance ? On peut douter de leur bonne foi en se basant sur les évènements qui ont émaillé la crise malienne !

Peut-on faire confiance à nos partenaires de communauté internationale ? Oui nous pouvons, mais avec des limites. Croire qu’ils sont tous de bonne foi, et de bon cœur à nos coté est une illusion, ils ont des intérêts à défendre, et pour certains un pouvoir de nuisance à préserver, pour continuer à apparaitre comme acteur majeur de la Région.

La question se situe-t-elle encore au niveau de la signature ? Peut-on faire la paix lorsque la confiance est inexistante ?