Au delà du déguerpissement, le modèle de développement.

Le Gouverneur de Bamako en a décidé ainsi, cela faisait 2 années qu’il y avait débat, il était temps de passer à la pratique et donc à la libération des voies publiques occupées de manière « semi illégale ».

On a vu émerger ces 15 dernières années sur les trottoirs de Bamako de nombreux petits kiosques en fer, qui servaient de petits commerces. Ils étaient boutiquiers, vendeurs de téléphones, de poissons de poulets…etc., une vraie petite économie à mi-chemin entre la légalité et l’illégalité.

Légalité car, de nombreux kiosques bénéficiaient d’autorisation de la part des mairies, ils payaient des impôts sous peine de fermeture administrative. Certains ont même avoué avoir eu des aides de l’Apej, l’organisme qui s’occupe de l’emploi des jeunes pour s’installer.

Tout le monde était gagnant, les consommateurs qui trouvaient des commerces de proximité, les mairies qui récupéraient de l’argent des taxes, les intéressés, mais aussi les autorités, qui étaient bien heureuses de voir, ces « jeunes entrepreneurs » quitter la colonne chômeurs.

Mais voilà les autorisations délivrées par les Mairies sont provisoires, et du jour au lendemain, un bulldozer pouvait venir mettre fin aux rêves des nouveaux auto-entrepreneurs. Le sommet France- Afrique devant se tenir à Bamako sera l’élément déclencheur.

Il faut rendre Bamako belle, après avoir toléré son avilissement, il faut faire plaisir à nos hôtes, donner une bonne image, plus proche de celle d’Abidjan, ou encore Kigali, modèles d’organisations urbaines.

Alors aujourd’hui le débat se porte sur la Gouverneur et le Gouvernement, mais plus globalement on devrait se poser la question de savoir, comment en est-on arrivé à ce point?

La non planification du développement, le refus de prendre en compte le fait démographique, et surtout le laisser aller et l’appât du gain immédiat sont en cause dans cette affaire.

On a laissé prospérer une activité dont on savait qu’elle poserait des difficultés dans l’avenir, uniquement parce qu’elle était une solution à des problèmes auxquels les autorités ne voulaient pas réfléchir.

Étrange aveux que celui des maires de Bamako qui comme pour rassurer les « déguerpis » annoncent qu’il y a des places dans les marchés de Bamako pour les accueillir. Mais pourquoi donc les avoir laissé occuper la voie publique plutôt que de proposer des places dans les marchés?

Cette opération ne trompe personne, les souffrances d’aujourd’hui sont le résultat du manque de sérieux à tous les étages. Si dès le départ, l’illégalité n’avait pas été légalisée, soutenue et encouragée, ces situations auraient été évitées.

L’autre réalité est que les Mairies n’ont aucune vision, n’ont pas de plans locaux d’urbanisme, il suffit de se balader à Bamako pour le voir. Combien d’espaces verts sont devenus des garages automobiles, des dépôts d’ordures? Comment peut-on laisser se développer en plein centre-ville un marché au bétail? Comment accepter que  les trottoirs de l’Assemblée nationale soient devenus un marché de vêtements?

Une réflexion, sur la transformation de l’activité dite informelle vers le formel, était peut-être trop fatigante pour nos dirigeants, alors on a laissé se développer tout ça. Pourquoi ne pas se saisir de l’occasion, pour proposer un autre modèle de développement, respectueux de l’environnement et qui réponde aux défis auxquels nous avons à faire face?

C’est ce laxisme coupable qui a conduit le pays à la perte, et l’opération musclée menée en ce moment ne trompe personne, après le sommet France Afrique, le business repartira de plus belle, après tout il ne s’agit pas de la première opération